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Mardi 15 octobre, départ vers 22h00 pour 4 jours et demi, et 5 nuits de navigation jusqu'aux Canaries....

Mercredi 16 octobre, les quarts. Nico, Yann et moi nous sommes réparti la conduite du bateau la nuit par tranche de trois heures. Les quarts comment ça se passe? On vient te réveiller à 3 heures du matin, et là tu te dis que ça ne va pas être possible. Tu tentes d'ouvrir tes yeux, tu attrapes tes habits à tâton, et tu te dis que ça ne va pas être possible. Tu enfiles ton surpantalon de voile, ta veste de voile, ton gilet de sauvetage avec harnais, et tu te dis que ça ne va pas être possible. Tu mets ta montre de "man over board", ta lampe à éclat étanche, ta lampe frontale, et tu te dis que ça ne va pas être possible. Tu jettes un dernier coup d'oeil à ton lit douillet, et tu te dis que ça ne va pas être possible. Tu sors du bateau, un vent tiède vient te caresser le visage, la lune quasi pleine éclaire toute la mer, et tu te dis que c'est possible et que ça va être beau...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Jeudi 17 octobre, jour des dauphins. Sophie était profondément malheureuse de ne pas avoir vu de dauphins, et bien ce jour là, nous avons été gâtés. À 16h00, des dauphins s'approchent. Yann crie à l'attention des filles: "dauphins!" Les filles sautent dans leurs gilets de sauvetage et sont sur le pont en une minute. Et là ce ne sont pas deux ou trois dauphins que nous regardons, mais 9. Ils avancent devant l'étrave du bateau, passent l'un au dessus de l'autre, passent au-dessous de nous en montrant leur ventre blanc. Les filles et moi on leur parle, on les complimente, on les remercie..... Le plus fascinant c'est qu'ils sont synchronisés: tout à coup trois d'entre eux, en une nage parfaitement parallèle se détachent pour partir à l'arrière du bateau, ou deux dauphins s'enroulent gracieusement le temps d'une spirale.... Les dauphins nous quittent au bout d'une dizaine de minutes. Vers 18h30 puis à nouveau vers 19h30,  Yann appelle: "dauphins!". Finalement durant mon quart, vers 22 h00,  j'entends de drôle de bruits d'eau à l'arrière du bateau?  Je regarde, et à nouveau une dizaine de dauphins m'exécutent un ballet de figures. Sauf que dans le noir, ça a un côté fascinant mais un peu inquiétant. Pourquoi est-ce un spectacle qui cependant rend profondément heureux?

Vendredi 18 octobre premiers signes d'impatience et premier poisson:
Lola me demande pour la première fois depuis notre départ d'Andalousie (mais apparemment juste pour avoir l'information): "maman, on arrive dans combien de jours?" Puis plus tard Sophie m'interroge: "c'est le combien-t-ième jour qu'on est partis (de Benalmadena, Andalousie)"?   "C'est le troisième". Et là Sophie éclate en sanglots.  "Mais je croyais que c'était le quatrième. Je veux être sur la terre". Je compatis à sa détresse et lui demande " qu'est ce que tu ferais sur la terre?" "J'irais au manèze". Puis vers 18h00, c'est à moi de m'exclamer: "j'en ai maaaaaaarre de toute cette eau à l'infini". Mais un heureux événement vient chasser les petits nuages gris des filles.... Le moulinet de pêche se met à se dérouler en émettant un crrrrrrrrrrrrr caractéristique. Nico et moi on se retourne, et on voit à 50 mètres derrière le bateau un énorme poisson d'au moins 80 centimètres qui fait un immense saut, puis le moulinet s'arrête. On remonte la ligne... plus rien au bout, mais quand je dis plus rien, c'est plus rien! Plein d'espérance, on relance notre ligne et trois minutes après, ça mord à nouveau et on remonte un petit thon! Le menu du repas de midi de demain est tout trouvé!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Samedi 19 octobre, jour de moteur: la météo l'annonçait depuis plusieurs jours déjà, mais nous n'avions toujours rien vu venir: la pétole. La pétole quoi, pas de vent du tout.... On a donc mis notre moteur Volvo en marche à 3 heures du matin, pour ne plus l'éteindre durant les 33 heures suivantes. En soit ce n'est pas un drame, mais la navigation est carrément plus monotone. Du coup on a fait du bricolage, l'école (avec l'aide de Nico qui s'est penché au moins 30 minutes sur une carte du monde avec les filles), la lessive, de la bonne cuisine (notre frigo regorge encore de bons produits pour encore presque une semaine), Tarzan à la télé (pour le coup, quand on marche au moteur, on a suffisamment d'énergie électrique à bord). C'est juste qu'en fin de journée les oreilles aspirent au silence....
 

Dimanche 20 octobre: TERRE! Ile de la Graciosa. J'y ai débarqué en disant : "une île sans végétation, c'est moche"... et j'en suis repartie profondément touchée par ce coin de terre hors du temps.

 

 

Malaga - Canaries   Octobre 2013

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